(TITC) - La croyance en les déesses-mères est axée sur le culte
des esprits mères des Trois mondes, à savoir : le monde céleste (Thiên Phủ), le monde de l’eau (Thoải Phủ) et le monde des montagnes et
des forêts (Nhạc Phủ), afin de répondre
à des demandes d’ordre spirituel et à des attentes quotidiennes comme la santé,
la chance, le bonheur et la vie prospère…
Caractéristiques
Depuis le XVIe siècle, la croyance en les déesses est
progressivement devenue une activité spirituelle et culturelle qui a
profondément influencé la vie sociale et la conscience des individus. Les
fidèles vénèrent la déesse-mère Liễu Hạnh
ainsi que d’autres esprits de héros historiques et légendaires. Selon les
légendes, Liễu Hạnh était une nymphe
descendue sur Terre qui a vécu comme un être humain et était devenue une nonne
bouddhiste. Elle est vénérée en tant que «Mère du monde» et en tant qu’une des
quatre immortels des Việt.
Cette croyance est pratiquée principalement aux espaces des temples (đền), sanctuaires (miếu)… consacrés aux déesses-mères. Les principales pratiques de
cette croyance comprennent les rituels de possession spirituelle (ou le rituel
de hầu đồng) et les festivals
traditionnels dont le plus important est le festival de Phu Day qui a lieu dans
la commune de Kim Thai, province de Nam Dinh. Chaque rituel de hầu đồng comporte
de 5 à 36 actes (giá đồng). Chaque acte dédie à un Saint et possède
un costume, une danse, des chants et des offrandes qui lui sont propres. La musique et les chants interprétés
lors des rituels sont connus sous le nom de chầu
văn, chaque chant consacré à un esprit raconte la vie, le caractère et les
mérites de ce dernier.
Les détenteurs de la culture liée à la croyance en les déesses-mères et les
praticiens de cette croyance sont les gardiens de temple (qui entretiennent les
temples, effectuent les offrandes quotidiennes d’encens et de fleurs aux Saints),
les prêtres chargés des rituels (qui dirigent les cérémonies), les médiums
spirites (hommes et femmes, qui sont initiés aux rituels de possession
spirituelle dans les temples), les assistants des médiums (qui aident des médiums
à préparer les costumes, les accessoires et les offrandes requis pour chaque
incarnation d’un Saint), les musiciens (qui interprètent les chants destinés
aux esprits et les accompagne aux instruments); les disciples (qui participent aux rituels et aux festivals se
déroulant dans les temples consacrés aux déesses-mères)…
Le culte des Déesse-mère
est une croyance syncrétique liée à la croyance indigène et des éléments
religieux comme le taoïsme et le bouddhisme. Les connaissances et le savoir-faire liés aux pratiques
rituelles sont transmis oralement de génération en génération.
Valeurs exceptionnelles
Les pratiques liées à la croyance việt en les déesses-mères des Trois
mondes sont considérées comme un «musée vivant» permettant de préserver
l’histoire, le patrimoine culturel et l’identité du peuple Viêt grâce à
l’association harmonieuse des costumes traditionnels, musique, chants, danses…
Les déesses-mères et les autres saints du panthéon sont issus des Việt mais
également d’autres minorités ethniques telles que les Mường, les Tày, les Nùng
et les Dao. Cela a démontré clairement le sens
des échanges culturels et les relations étroites et égales entre groupes
ethniques du Viet Nam. La croyance en les
Déesses-mères fait aussi un culte à une cinquantaine de divinités, dont des
personnages historiques, des héros nationaux divinisés par le peuple comme Trân
Hung Dao et Pham Ngu Lao… La croyance en ces divinités rappelle les origines de la nation et permet de faire
naître chez les jeunes un sentiment de patriotisme.
Les Déesses-mères symbolisant la mère suprême et toute-puissante, le culte
qui leur est consacré contribue à valoriser les femmes et leur rôle dans la vie
familiale et dans la société.
En outre, les activités du festival et les rituels de possession
spirituelle sont des activités culturelles et spirituelles collectives. Cela
permet de créer un sentiment communautaire et de relier entre eux les membres
de la communauté, les médiums spirites et les chanteurs.
Pratiques
du culte des Déesse-mère des Trois mondes
La croyance en les déesses-mères des Trois mondes est pratiquée dans un
certain nombre de provinces et villes du Viet Nam. L’esprit suprême, placé au
sommet du panthéon, est la déesse-mère Liễu Hạnh à laquelle sont consacrés des
centres importants dans la province de Nam Dinh (avec environ 400 temples et
palais consacrés aux déesses-mères). Le culte de Liễu Hạnh est également rendu
dans d’autres temples et palais, notamment, dans le Palais du lac de l’ouest
(ville de Ha Noi), dans le temple de Sòng (province de Thanh Hoa) et dans le
temple de Bac Le (province de Lang Son).
Le 1er décembre 2016, lors de la 11e
session du Comité intergouvernemental sur la protection du patrimoine culturel
immatériel de l’UNESCO tenue à Addis-Abeba (Ethiopie), les pratiques liées à la croyance việt en les
déesses-mères des Trois mondes a officiellement été inscrit à
la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Phuong Mai